Noël! Je dis un peu ouf! Parce que l'automne aura été chargé. Les symphonies de Beethoven, de Brahms, de Bruckner, les concertos de Rachmaninoff et Bruch, et toutes ces oeuvres de Wagner, Strauss, Xenakis, Ravel, Scriabine, Dvorák... Elles ont défilé, les partitions... Pour dire vrai, du non-stop: du travail personnel à la répétition, de la répétition au concert, du concert à l'avion... Et puis, intercalés, les moments pour composer...
Donc je dis un peu ouf! Je vais me retrouver chez moi, à la montagne, dans la neige... Et retrouver mes enfants que je n'ai pratiquement pas revus depuis l'été... Mais je le sais d'avance, la promenade ou le repas terminé, je monterai m'isoler dans mon atelier, à écrire encore et encore, à apprendre par coeur de nouvelles partitions... C'est terrible, je n'ai aucune volonté pour ne pas travailler... Bon qu'à ça, comme disait Becket... Tout le monde s'en plaint, et moi le premier... Alors, si par hasard, vous aviez un truc à me donner pour arrêter la machine, please, faites-moi signe... Je vous en serai tellement reconnaissant...
Bonnes fêtes, Michel
maandag 20 december 2010
maandag 22 november 2010
Enregistrer Rachmaninov
Cette semaine nous enregistrons Rachmaninoff avec Katia Scanavi. Tout l'orchestre se réjouit de retrouver cette merveilleuse pianiste. Et puis, après une série de concerts axés sur le romantisme allemand, nous allons nous imprégner d'harmonies slaves. Quelle joie que d'être musicien et de changer de répertoire, c'est-à-dire changer véritablement de monde sonore, de passer à de nouveaux sentiments, émotions, passions...
Et puis, enregistrer est un travail tout différent. C'est comme si l'on jouait un concert pendant toute la journée. Car chaque seconde de musique que nous gravons doit être imprégnée de perfection technique et de sensation intérieure. Et comme les séances durent plus de quatre heures, c'est pendant tout ce temps que nous devons donner le meilleur de nous-mêmes... Une grande tension en perspective!
Amitiés,
Michel
Michel Tabachnik & Katia Skanavi au Studio 4, Flagey © Jan Baerts 2010 |
Et puis, enregistrer est un travail tout différent. C'est comme si l'on jouait un concert pendant toute la journée. Car chaque seconde de musique que nous gravons doit être imprégnée de perfection technique et de sensation intérieure. Et comme les séances durent plus de quatre heures, c'est pendant tout ce temps que nous devons donner le meilleur de nous-mêmes... Une grande tension en perspective!
Amitiés,
Michel
zondag 14 november 2010
Impressions Romantiques
Mozart et Bruckner! Comme ces deux compositeurs autrichiens s'accordent bien... Ce fut un plaisir intense, à la fois intérieur, émotionnel, et sensuel, physique. Car tous deux touchent tous les domaines des sens humains. Avec bien sûr de subtiles différences.
© Otto Van de Steene |
Mozart est un paradis secret, un univers idéal et chimérique. Bruckner, ce sont d'infinies résonances qui roulent et roulent sous les ogives d'une cathédrale. Et pour Mozart, nous avons le plaisir de collaborer avec Brigitte Engerer au jeu "rond et sensuel" et Hélène Mercier, "pointue et fantasque". Tels sont en effet les adjectifs que leur ont attribués la Libre Belgique.
Un privilège, donc...
A plus,
Michel Tabachnik
donderdag 30 september 2010
Quelle émerveillement
Xenakis est un architecte de la musique. Il change la disposition traditionnelle de l'orchestre. Il l'éclate, le disperce, ou encore associe des timbres qui s'opposent, plaçant côte à côte un hautbois et un xylophone, un violoncelle et un piccolo. Par là, Xenakis nous livre une nouvelle perspective sonore, des associations acoustiques jamais entendues. L'espace se peuple de galaxies sonores, de nébuleuses qui chantent...
L'émotion elle-même découvre des sensations qu'elle n'avait même pas imaginée ressentir... Quelle émerveillement.
L'émotion elle-même découvre des sensations qu'elle n'avait même pas imaginée ressentir... Quelle émerveillement.
woensdag 22 september 2010
Wagner & Scriabine
Wagner/Scriabine! Une association inattendue. Mais, si l'on envisage de se plonger dans l'époque, on y trouve Nietzsche qui combat Wagner parce que pour lui "Dieu est mort" et il est donc absurde de mettre en musique un mystère divin tel que Parsifal, et on y trouve Schopenhauer qui met au pinacle les mystiques de l'Orient et finit par apporter un essor nouveau de spiritualité. Wagner, lui, s'inscrit dans cet essor.
Il pénètre au plus profond du mysticisme, composant des mélodies qui nous transportent dans le domaine du Graal, l'essence même du message christique que notre corps absorbe à travers le pain et le vin de la communion.
Richard Wagner 1813 - 1883 |
Wagner/Scriabine! Une association inattendue. Mais, si l'on envisage de se plonger dans l'époque, on y trouve Nietzsche qui combat Wagner parce que pour lui "Dieu est mort" et il est donc absurde de mettre en musique un mystère divin tel que Parsifal, et on y trouve Schopenhauer qui met au pinacle les mystiques de l'Orient et finit par apporter un essor nouveau de spiritualité. Wagner, lui, s'inscrit dans cet essor.
Il pénètre au plus profond du mysticisme, composant des mélodies qui nous transportent dans le domaine du Graal, l'essence même du message christique que notre corps absorbe à travers le pain et le vin de la communion.
Les musiques de Scriabine et de Wagner sont donc inspirées de sources semblables et c'est bien là leur objectif commun que de nous faire vibrer au même monde du divin.
A plus,
Michel
A plus,
Michel
zondag 19 september 2010
A propos d’écriture musicale: parlons technique!
Beethoven écrit sa Cinquième symphonie à partir d’une cellule de 3 notes
répétées suivies d’une quatrième à la tierce mineure inférieure. Et voilà le
motif du « destin qui frappe à la porte » qui naît ! Toute l’œuvre sera
échafaudée à partir de ce petit thème.
Boulez imagine une suite de douze sons dont aucun n’est répété, épuisant
donc la totalité de notre gamme chromatique. C’est ce qui s’appelle une
« série » (Reihe) telle que Schönberg l’a formulée pour son système
dodécaphonique. Boulez développe cette série selon de nouveaux procédés
qu’il a inventé. Il multiplie à foison les intervalles, les éclate dans toutes les
octaves, les permute et les arrange… Des rythmes émergent des intervalles.
Des nuances (forte, piano, crescendo…) émergent des rythmes. Des manières de
jouer (legato, staccato, portamento…) émergent des nuances. Ainsi apparaît peu
à peu la composition de sa Troisième Sonate.
Xenakis est aussi architecte. Pour concevoir son 2e concerto de piano Erikthon,
il dessine sur de larges feuilles de papier millimétré des « arborescences » (ce
sont ses propres termes). Des formes arrondies qui rappellent des végétations
folles, des arbres irréels, une forêt extraterrestre… Il inscrit ensuite ces
architectures débridées sur un plan. La hauteur du plan (abscisse) donne la
hauteur des notes. La longueur (ordonnée) donne la durée des notes. Une
« branche d’arborescence » qui part d’en haut et qui descend sur le dessin se
traduit par un son glissé qui part de l’aigu et qui, dans un temps dépendant
de l’inclinaison de la « branche », descend vers le grave. Le papier millimétré
lui assure une grande précision de transformation du graphique en sons.
Ainsi dans le musique de Xenakis entend-on des glissandi.
http://www.iannis-xenakis.org/ |
Pour ma pièce Le Pacte des Onze, je pars de onze sons. Car la composition est
articulée sur onze constellations du zodiaque (Cancer, Octant, Capricorne…).
Chaque constellation émet un son unique. C’est une note « gelée ». Sa hauteur
est donnée une fois pour toutes et ne peut jamais être octaviée. Si c’est un son
aigu, jamais le tuba ne pourra la jouer ! Ces onze sons vont se mélanger.
D’étranges harmonies jaillissent. Un « ciel sonore » se déploie lentement. En
fin de travail, on traverse une immense nuit sonore ! L’orchestre confère à
chaque constellation une personnalité. A chaque étoile un timbre particulier.
A chaque nébuleuse une dynamique propre. J’y ajoute des mots. Un choeur
les chante… Un émerveillement de sentir surgir de soi-même tout un univers
vibrant dont on ne sait s’il provient de son propre imaginaire ou s’il est
inspiré par je ne sais quelle « extériorité ».
Sartre disait que l’inspiration et l’écriture se confondent sous le stylo. Il avait raison. Le créateur est incapable de situer l’origine de son intuition…
A plus!
Michel
maandag 30 augustus 2010
De retour à Bruxelles
Quelle joie ! Retour à la Salle Flagey ! Enregistrer Dvorak, Brahms, Smetana! Avec nos musiciens du Brussels Radio Philharmonic ! Puis ce sera les concerts : Bruxelles, Paris, Strasbourg. Je ne sais pas pourquoi j'éprouve un tel bonheur à faire de la musique ici. Ou plutôt si, je sais !...
Ce sont les instrumentistes, bien sûr. Ils sont devenus des amis, des complices. Ensemble, nous vivons les symphonies, les concertos, les extraits d'opéra. La musique est notre nourriture. Quand nous jouons, notre soif artistique s'étanche.
L'absolu !... La grâce !... Cette collusion qui s'est désormais installée entre nous est une émotion forte, comme un seul être que nous sommes devenus, un seul instrument (un Stradivarius orchestral !), une synthèse de sentiments. C'est tout simplement le bonheur.
Oui, je suis exalté, enflammé, parce que nos musiciens ne me laissent pas le choix. Ils sont si vrais, si passionnés que je ne peux que suivre leur enthousiasme. Il n'y a plus à communiquer, il y a à recevoir un ressentir collectif. Et c'est rare, peut-être unique, d'accéder à cette façon d'interpréter la musique. La saison promet, donc. Et mon seul souci sera d'être à la hauteur de telles aspirations. Et je donnerai toute mon énergie, toute ma technique et tout mon sentiment pour sublimer cet élan de tous qui m'apporte sûrement une des plus grande joie que j'aie connue dans ma vie de musicien.
A bientôt!
Michel
Ce sont les instrumentistes, bien sûr. Ils sont devenus des amis, des complices. Ensemble, nous vivons les symphonies, les concertos, les extraits d'opéra. La musique est notre nourriture. Quand nous jouons, notre soif artistique s'étanche.
L'absolu !... La grâce !... Cette collusion qui s'est désormais installée entre nous est une émotion forte, comme un seul être que nous sommes devenus, un seul instrument (un Stradivarius orchestral !), une synthèse de sentiments. C'est tout simplement le bonheur.
En répétition avec Brussels Radio Philharmonic, Flagey, Bruxelles. (c TD Boever) |
Oui, je suis exalté, enflammé, parce que nos musiciens ne me laissent pas le choix. Ils sont si vrais, si passionnés que je ne peux que suivre leur enthousiasme. Il n'y a plus à communiquer, il y a à recevoir un ressentir collectif. Et c'est rare, peut-être unique, d'accéder à cette façon d'interpréter la musique. La saison promet, donc. Et mon seul souci sera d'être à la hauteur de telles aspirations. Et je donnerai toute mon énergie, toute ma technique et tout mon sentiment pour sublimer cet élan de tous qui m'apporte sûrement une des plus grande joie que j'aie connue dans ma vie de musicien.
A bientôt!
Michel
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