donderdag 30 september 2010

Quelle émerveillement

Xenakis est un architecte de la musique. Il change la disposition traditionnelle de l'orchestre. Il l'éclate, le disperce, ou encore associe des timbres qui s'opposent, plaçant côte à côte un hautbois et un xylophone, un violoncelle et un piccolo. Par là, Xenakis nous livre une nouvelle perspective sonore, des associations acoustiques jamais entendues. L'espace se peuple de galaxies sonores, de nébuleuses qui chantent...

L'émotion elle-même découvre des sensations qu'elle n'avait même pas imaginée ressentir... Quelle émerveillement.

woensdag 22 september 2010

Wagner & Scriabine


Richard Wagner 1813 - 1883

Wagner/Scriabine! Une association inattendue. Mais, si l'on envisage de se plonger dans l'époque, on y trouve Nietzsche qui combat Wagner parce que pour lui "Dieu est mort" et il est donc absurde de mettre en musique un mystère divin tel que Parsifal, et on y trouve Schopenhauer qui met au pinacle les mystiques de l'Orient et finit par apporter un essor nouveau de spiritualité. Wagner, lui, s'inscrit dans cet essor.  


Il pénètre au plus profond du mysticisme, composant des mélodies qui nous transportent dans le domaine du Graal, l'essence même du message christique que notre corps absorbe à travers le pain et le vin de la communion.

Alexander Scriabin 1872 -1915
Quant à Scriabine, il est fasciné par les nouvelles spiritualités, ces écoles de pensées qui synthétisent religion et philosophie et qui déferlent sur l'Europe en cette fin de XIXe siècle. 

Les musiques de Scriabine et de Wagner sont donc inspirées de sources semblables et c'est bien là leur objectif commun que de nous faire vibrer au même monde du divin.

A plus,
Michel

zondag 19 september 2010

A propos d’écriture musicale: parlons technique!

Beethoven écrit sa Cinquième symphonie à partir d’une cellule de 3 notes
répétées suivies d’une quatrième à la tierce mineure inférieure. Et voilà le
motif du « destin qui frappe à la porte » qui naît ! Toute l’œuvre sera
échafaudée à partir de ce petit thème.











Boulez imagine une suite de douze sons dont aucun n’est répété, épuisant
donc la totalité de notre gamme chromatique. C’est ce qui s’appelle une
« série » (Reihe) telle que Schönberg l’a formulée pour son système
dodécaphonique. Boulez développe cette série selon de nouveaux procédés
qu’il a inventé. Il multiplie à foison les intervalles, les éclate dans toutes les
octaves, les permute et les arrange… Des rythmes émergent des intervalles.
Des nuances (forte, piano, crescendo…) émergent des rythmes. Des manières de
jouer (legato, staccato, portamento…) émergent des nuances. Ainsi apparaît peu
à peu la composition de sa Troisième Sonate.








Xenakis est aussi architecte. Pour concevoir son 2e concerto de piano Erikthon,
il dessine sur de larges feuilles de papier millimétré des « arborescences » (ce
sont ses propres termes). Des formes arrondies qui rappellent des végétations
folles, des arbres irréels, une forêt extraterrestre… Il inscrit ensuite ces
architectures débridées sur un plan. La hauteur du plan (abscisse) donne la
hauteur des notes. La longueur (ordonnée) donne la durée des notes. Une
« branche d’arborescence » qui part d’en haut et qui descend sur le dessin se
traduit par un son glissé qui part de l’aigu et qui, dans un temps dépendant
de l’inclinaison de la « branche », descend vers le grave. Le papier millimétré
lui assure une grande précision de transformation du graphique en sons.
Ainsi dans le musique de Xenakis entend-on des glissandi.

http://www.iannis-xenakis.org/














Pour ma pièce Le Pacte des Onze, je pars de onze sons. Car la composition est
articulée sur onze constellations du zodiaque (Cancer, Octant, Capricorne…).
Chaque constellation émet un son unique. C’est une note « gelée ». Sa hauteur
est donnée une fois pour toutes et ne peut jamais être octaviée. Si c’est un son
aigu, jamais le tuba ne pourra la jouer ! Ces onze sons vont se mélanger.
D’étranges harmonies jaillissent. Un « ciel sonore » se déploie lentement. En
fin de travail, on traverse une immense nuit sonore ! L’orchestre confère à
chaque constellation une personnalité. A chaque étoile un timbre particulier.
A chaque nébuleuse une dynamique propre. J’y ajoute des mots. Un choeur
les chante… Un émerveillement de sentir surgir de soi-même tout un univers
vibrant dont on ne sait s’il provient de son propre imaginaire ou s’il est
inspiré par je ne sais quelle « extériorité ».

Sartre disait que l’inspiration et l’écriture se confondent sous le stylo. Il avait raison. Le créateur est incapable de situer l’origine de son intuition…

A plus!
Michel